Le discours de Jean-Michel Teulière
dans son intégralité
Monsieur le Sous-Préfet représenté par son directeur de cabinet (M. Cédric Verline),
Monsieur le député de la seconde circonscription de la Corrèze,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Président du Département, cher Pascal Coste,
Monsieur le conseiller départemental, cher Jean-Claude Leygnac,
Monsieur le Président de la com com Xaintrie Val’Dordogne, mon cher Hubert Arrestier,
Monsieur le Président de la Fnaca, Cher Michel Defayes,
Messieurs les maires et conseillers municipaux de Goulles, cher Hervé Rouanne, de St julien le Pèlerin, Cher Daniel Lagrave,
Monsieur le Président de l’association intercommunale des anciens combattants,
Monsieur le Président du cercle Algériansite du Limousin qui représente ici les Pieds noir et harkis,
Monsieur le Président du Mouvement de la Paix
Messieurs/dames les Maires du canton,
Madame, Monsieur,
Et surtout vous…Messieurs les anciens combattant, porte drapeaux
C’est une très grande émotion et une vraie fierté de vous voir réuni ici si nombreux dans notre petite commune, notre village de St Bonnet les tours, un véritable honneur… C’est beau !
Un grand honneur que vous faites d’abord aux anciens combattants d’Algérie et à toutes les victimes de cette guerre, qu’elles soient française (pied noirs, harkis) ou algériennes… je pense également aux familles, épouses, parents, grands-parents, enfants… chacun à son niveau à laissé un peu de soit dans cette guerre…
« Une guerre sans front
La vraie guerre quand même
Par des héros sans nom,
A l’âge des « je t’aime ».
Ils ont dormi longtemps, ces maux de l’Algérie,
Comme un bruit défendu, un flot que l’on charrie.
Nous étions jeunes alors, nous étions au printemps.
Notre automne est venu : de parler il est temps. »
Ces mots appartiennent à l’un des vôtres, un appelé d’Algérie,
Maxime Becque
Les maires des 3 communes, leur conseil municipaux souhaitaient par cette célébration parler aux vivants, vous qui êtes encore debout et qui incarnez la dernières génération des anciens combattants. Tant qu’l n’est pas trop tard, nous avons, j’ai des choses à vous dire…
Mon arrière grand père à fait la guerre,
Mon grand-père à fait la guerre,
Mon père à fait la guerre,
Moi, mes enfants, nous vivons aujourd’hui en paix grâce au sacrifice de nos aïeux, grâce aussi à votre sacrifice…
19 mars 1962... Les accords d’Evian… la fin d’une guerre, la fin de la dernière guerre menée par des appelés français ! Des citoyens d’une vingtaine d’année, enfants bien souvent de pères qui ont connu et vécu la dernière guerre mondiale.
19 mars 1962... Une date que nous devons désormais célébrer, commémorer mais aussi transmettre. Nous le devons, non pas à cause d’une obligation légale, mais bel et bien par devoir moral.
Oui, Nous le devons en mémoire des 28 500 militaires français morts,
Oui, Nous le devons en mémoire aux 30 000 à 90 000 harkis décédés,
Oui, Nous le devons en mémoire aux 4 000 à 6 000 civils « européens » qui ont donné de leur vie
Oui, Nous le devons en souvenir des 65 000 blessés.
Oui Nous le devons aussi, aux 300 000 algériens qui sont tombés en défendant, comme ils l’ont baptisée, « leurs terres » devenues désormais leur pays.
- Anciens combattants d’Algérie, vous êtes les derniers témoins vivants de cette guerre qui vous a pris les plus belles années de votre vie, certains prés de 8 ans.
- Anciens combattants, nous vous devons respect et considération… vous qui êtes partis de St Bonnet, St Julien le Pèlerin, Goulles de la Corrèze toute entière, pour aller, disait-on, pacifier Babel Oued, Alger ou Oran. Des noms qui sonnaient à l’époque dans la tête d’un bon nombre de Français comme des lieux exotiques, romantiques…
D’exotisme et de romantisme vous n’en avait point vue et point profiter. Très rapidement, la réalité triste, grave, sale, laide de la guerre vous a rattrapé. Ici des assassinats, là des exactions, un peu plus loin des viols… la torture. Une guerre en somme.
Vous avez combattu certain pour un idéal, des valeurs qui bien vite se sont émoussées.
Traumatisé en tant qu’auteurs ou spectateurs vous êtes revenu en France sans grands égards de la part de la nation qui contrairement à vos illustres aïeux de la grande guerre ou de 39-45 ont été glorifiés. Pourtant vous êtes tous comme eux des anciens combattants, des victimes qui avaient soufferts dans votre corps et dans votre esprit.
Tout comme vos illustres aïeux, durant cette période troublé, vous avez répondu à l’appel de la nation pour aller participer dans un élan patriotique et de noblesse à rétablir l’ordre républicain dans ce que l’on appelait pudiquement et improprement les « évènements d’Algérie ».
Drôle de guerre que ce conflit qui n’osait donner son nom.
Tel un secret de famille, une maladie honteuse, il fallu attendre 2012 pour qu’enfin l’Etat décide d’attribuer une date officielle de recueillement et de mémoire pour la guerre d’Algérie ; Il a donc fallu attendre prés de 50 ans pour admettre que cette révolution algérienne soit bel et bien reconnu, au regard de la nation française, comme étant une vraie guerre… qui d’ailleurs pouvait en douter ?
- Vous, anciens Combattants d’Algérie vous avez tous aujourd’hui entre 77 et 87 ans, il était grand temps, de vous donner la juste reconnaissance à laquelle vous aspiriez.
Hélas ce temps perdu, a probablement contribué à minorer ce conflit, à le rabaisser dans sa dimension historique… je peux comprendre votre sentiment, l’abattement pour certain, d’incompréhension voire l’aigreur pour d’autres, face à cette déconsidération.
La reconnaissance de la nation vous est enfin offerte et je tenais moi « petit Maire de pas grand-chose » à vous dire ces mots : reconnaissance et respect à vous tous !
Aujourd’hui le temps n’est plus à la polémique mais au rassemblement et à l’apaisement.
Cette date mémorielle » doit rendre hommage à « toutes les victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.
Comme tous les combattants de tous les conflits du monde, Citoyens de
St Bonnet, de St Julien de Goulles, des 4 coins de la Corrèze vous êtes parti loin de chez vous pour combattre à la demande de la nation française.
En tant de maire de St Bonnet les Tours de Merle, et au nom de mes collègues Maires de Goulles et de St Julien le Pèlerin, modestes élus de petites communes de la République, nous souhaitions solennellement vous témoigner aujourd’hui lors de cette commémoration officielle notre profonde gratitude.
Nous sommes fiers de vous. Nous vous devons autant le respect que vos illustres ancêtres parti aux combats lors des dernières grandes guerres.
Enfants de St Bonnet :
- Roger Chasseing qui nous a quitté l’année dernière
- François Labro
- Joseph Lalo
- Jean Pourvellary
- Henri Sales
- et Claude Teulière
Enfants de St Julien et de Goulles et vous tous porte-drapeaux venu des 4 coins de la Corrèze
…acceptez notre profonde reconnaissance, nous qui sommes la première génération à vivre en paix, nous qui avons la chance de na pas avoir vécu et connu la guerre. C’est aussi grâce à vous, à votre sacrifice et à votre engagement lors de ce conflit.
Merci Messieurs, c’est un grand honneur que vous faites à notre petite commune….
Aujourd’hui, nous célébrons aussi la paix, la réconciliation… puisse ces œuvres d’artistes et cette nouvelle place de la Paix, dans cette période trouble que nous traversons, sceller durablement un nouveau monde, peut-être plus juste, peut-être plus solidaire, pourquoi pas plus tolérant… c’est un dessein, une ambition, un challenge, n beau projet de vie que seule l’humanité saura ou non relever ?
Vive la paix, vivre la République, vive St Bonnet !
Je vous remercie.
Jean-Michel TEULIERE
Maire de St Bonnet les Tours de Merle
Une exposition sur
la guerre d’Algérie
Du 11 au 26 mars,
la salle des fêtes de
St Bonnet les Tours accueille une grande exposition composée de 36 panneaux sur la guerre d’Algérie, Entrée libre et gratuite
de 9 h à 19 h.