Les radieux mariés de l'en-but
Le nom du club n'est pas qu'un challenge pour speaker en manque de souffle. Saint-Privat-Pleaux Rugby Xaintrie, tout y est, est aussi un os pour ses adversaires, qu'il vainc régulièrement depuis le début de saison. Ce qui, au sens propre, réjouit bien plus d'une région.
Quand Saint-Privat affiche fièrement son identité corrézienne, Pleaux arbore de son côté un blason… auvergnat. Un monde à l'envers ? Pas si sûr. Car c'est au bord de leurs gouffres respectifs que les deux clubs se sont unis, voilà huit ans, pour continuer d'exister, fût-ce à un niveau modeste. Où quand un mariage de raison permet d'éviter le naufrage.
« Sans cette union les deux équipes mettaient la clé sous la porte », se rappelle Géraud Clary, l'actuel vice-président du club. Qui se souvient aussi des réticences initiales face à ce rapprochement : « Les fidèles de longue date de chaque camp avaient du mal à s'y faire, car chacun des clubs avait sa propre identité… ».
Une identité telle qu'à leurs plus beaux jours d'avant-fusion, les matches qui opposaient Saint-Privat à Pleaux étaient de véritables derbies, avec toute la passion alentour. Un authentique ''clasico'' made in Massif Central, dont la narration doit désormais se conjuguer à l'imparfait. « Et puis les joueurs actuels sont jeunes, moins attachés au passé, la rivalité d'antan est donc ramoindrie », conclut Géraud Clary sur le sujet, sourire en coin.
Attelage gagnantEt de balayer, d'emblée, toute idée de rivalité entre Cantalous et Corréziens au sein du club. Le président Jean-Michel Albaret a pensé à tout : Pleaux et Saint-Privat sont représentés à chacun des postes-clés, et notamment sur un banc à double visage : ceux de Thierry Meilhac le Corrézien, et celui d'Olivier Luc, originaire de Pleaux. Difficile de faire plus paritaire.
Dur, également, de faire plus efficace. Malgré une récente défaite face à Lubersac et un nul « décevant » obtenu sur les bords de l'Aurence, à Limoges, Saint-Privat-Pleaux n'en reste pas moins solidement accroché au top 4 de son championnat. Avec un objectif clair : y rester jusqu'au bout.
« Pour la finale de série à Brive, c'est presque irréalisable désormais, alors on va se concentrer sur les phases nationales », ambitionnent de concert les deux coaches. Pour y parvenir, les "bleu et rouge" devront passer outre quelques défauts, telle cette tendance à la précipitation que Thierry Meilhac impute « à la jeunesse d'un groupe dont la moyenne d'âge tourne autour des 21 ans ».
De l'inexpérience, certes, mais beaucoup de motivation : « Les joueurs sont très investis », notent ainsi les deux entraîneurs, qui font attelage depuis deux ans sur le banc du club. Avec l'espoir de le maintenir en 2 e série. Et d'y faire vivre, encore et toujours, cet esprit « d'un rugby en trois temps : l'avant, le pendant et l'après match », dixit un Thierry Meilhac qui ne se fera pas plus prolixe sur ''l'après''. Tout bon rugbyman sait certainement de quoi il en retourne…
Pierre Géraudie