Quelle histoire se cache, derrière cette maison aux volets clos,
à Auriac ?
Un singulier endroit où l’on se sent hors du temps, où on nous apprend ce qui est le contraire du faire valoir : la contemplation. Un monde à regarder sans qu’on puisse y toucher, un monde vrai, loin des tumultes de la ville. Là, une modeste maison bourgeoise, discrètement close…
Quel lien avec cette photo mythique?
Il y a un peu plus de 50 ans, dans les années de la libération verbale, un photographe Jean-Pierre Leloir fixe à tout jamais sur la pellicule de son 6x6, la rencontre d’un trio d’immortels de la chanson française : Brel, Ferré et Brassens. Trois monstres sacrés de la chanson française sur une photo devenue mythique.
Cette photo est pratiquement aussi célèbre que le Baiser de l’Hôtel de Ville de Doisneau, mais l’histoire de cette rencontre unique est moins connue du grand public. Pourtant, cette photo mythique, sous forme de poster, est très vendue en France. Comment ces trois artistes, ce trio d’immortels qui appartiennent à la même famille des poètes chantants se trouvent-ils ensemble, eux qui ne raffolent pas des trompettes de la renommée ?
Le 6 janvier 1969 à Paris, rue Saint Placide,
Jean Pierre Leloir les immortalise.
Extrait du magazine Ça M’INTERESSE Histoire Mars/Avril 2020
Pour compléter vos lectures : « Trois hommes dans la photo » documentaire de Sandrine Desmarais.
Le texte de l’interview : Brel, Brassens, Ferré – Trois hommes dans un salon – coédition Fayard/Chorus.
On a envie de leur dire « Ne nous quittez pas ! »
Jacques Brel, le « Grand Jacques» issu d’une famille catholique d’industriels belges, une icône et un des plus grands interprètes de la chanson française, est né le 8 avril 1929 à Schaerbeek en Belgique. L’artiste, au sommet de sa popularité, abandonne le tour de chant en 1967, pour monter sur scène et se consacrer au cinéma. L’écorché vif, qui a mal aux tripes, l’aventurier du rêve, nous lèguera son testament musical « les Marquises » avant de nous quitter à 49 ans, le 9 octobre 1978 dans un hôpital à Bobigny.
Georges Brassens à la dégaine d’un ours mal léché, avec sa pipe et sa moustache, au verbe imagé et frondeur, est né dans un quartier populaire de Sète le 22 octobre 1921. Outre ses propres textes, il a mis également en musique des poèmes de Villon, Hugo, Verlaine, Fort et Aragon en s’accompagnant de sa guitare. Il nous a quittés à 60 ans, le 24 octobre 1981 à Saint Gely-du-Fesc dans l’Hérault. « Tous derrière et lui devant ».
Léo Ferré ce poète anarchiste, né le 24 août 1916 à Monaco, qui a chanté Verlaine, Baudelaire, Rimbaud et Aragon, nous a quittés le 14 juillet 1993. Il nous a laissé des chansons immortelles qu’il nommera lui-même sa « poésique ».
Ces hommes, avec ce qui nous reste d’eux, leurs voix, leurs paroles, avec ce qu’ils nous ont légué de révolte et de tendresse, de poésie, ces trois bonhommes font partie de nos repères, de notre Histoire, ils ne disparaîtront pas. Ils sont la représentation parfaite de cette époque intelligente, talentueuse, antiraciste, humaniste, authentique et vraie, une France grandiose et généreuse.
Mais qui est ce photographe, Jean Pierre Leloir ?
Jean-Pierre Leloir, Chevalier des Arts et des Lettres, est né le 27 juin 1931 à Paris 16ème - il est décédé le 21 décembre 2010 à l’âge de 79 ans à Paris 17ème. Il était l’époux d’Arlette Bayarsky avec qui il a eu deux filles Marion et Rosine.
Fan de Jazz, dès l’âge de 17 ans, Jean-Pierre Leloir s’est lancé dans l’aventure de la photographie « musicale ». Il est attentif à tout ce qui constitue la vie des artistes. Il a couvert la scène musicale et théâtrale depuis les années 1950 et a côtoyé de nombreux artistes du XXème siècle.
Il était surnommé « l’œil de nos oreilles » par de nombreux chanteurs et musiciens qu’il a saisis au bout de son objectif en près de 50 ans de carrière (le monde-nécrologie de Y. Plougastel décembre 2010)
Jean-Pierre Leloir n’est pas l’homme d’une seule photo, il règne aujourd’hui sur un demi-siècle d’éclectisme photographique. Il a été notamment le photographe attitré de Jacques Brel.
Il aimait se définir comme un « photographe en promenade », et aimait se ressourcer dans sa maison du village de Lalo à Auriac, cette maison aux volets clos, qui appartient toujours à sa famille. Un héritage d’attaches corréziennes d’un grand oncle paternel Fernand Leloir époux de Marie Madeleine Alice Eugénie Cisterne.
Lors d’un parcours sans itinéraire précis à Auriac, il a saisi l’empreinte du temps, les photographies de cette bergère du Peuch de Job à Auriac, Marie Hélène Combes, veuve du Poilu Jean Henri Fraysse. Une empreinte qui témoigne d’un instant révolu, qu’elle perpétue à jamais. Une valeur testamentaire pour Auriac.
Cette veuve, à 24 ans, du Poilu Jean Henri Fraysse - décédé/disparu le 25 septembre 1915 à Neuville Saint Vaast dans l’Artois - a élevé seule dans sa maison du Peuch de Job à Auriac, ses trois filles déclarées « Pupilles de la Nation » :
Marie Justine dite Augustine née en 1909 au Peuch de Job à Auriac épouse de Louis Edouart Duclaux (parents d’Henri, Jacques et Anne Marie Duclaux).
Célestine Anna née en 1912 au village de Mathieu à Saint Julien au Bois épouse d’Auguste Bouyge.
Marie Marthe née en 1914 au village de Mathieu à Saint Julien au Bois, épouse d’Emile Portois (parents de Marie Claire Portois/Batteux).
Recherches Nadia Capitani - merci à Marion Leloir pour son « oeil correcteur » !
"En cinquante ans, j'ai réalisé trois reportages par jour et illustré au moins mille cinq cents pochettes de disques", s'amusait ce géant moustachu, à la voix rocailleuse, fleurant bon sa Corrèze familiale, les lunettes éternellement vissées sur le front.
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